L’état de la musique togolaise demeure au centre des discussions. L’objectif étant de mieux cerné les contours des différents handicaps qui freinent le développement des artistes locaux, on est souvent amené à analyser les problèmes sur d’autres angles. Pour cette fois, nous allons essayer de comprendre pourquoi les artistes togolais sont rares sur les projets de collaborations à l’international. N’hésitez pas à mettre votre avis en commentaire en bas de l’article et surtout « abonnez-vous ».
La question ne concerne pas les projets de collaboration venant des artistes togolais. Il s’agit plutôt de comprendre pourquoi les artistes étrangers invitent très rarement leurs confrères togolais sur leurs projets de collaborations, single, EP ou albums.
La musique togolaise ne pèse pas sur le plan international
Déjà, le simple fait de remarquer que les projets de collaboration internationale entre le Togo et les autres pays émanent majoritairement du Togo, pousse à réfléchir sur la considération porté aux artistes togolais sur le plan international. A l’heure où le défi majeur de la grande majorité des artistes locaux consiste à s’exporter à l’international à travers des collaborations d’estime, il faut se demander si la réciproque est vraie ou possible. Parce que la réalité est que très souvent ces artistes font face à des refus catégoriques de la part des artistes avec lesquels ils souhaitent collaborer. Et ça porte un gros coup à leur égo qui les démotive complètement. Alors faut-il continuer à chercher des collaborations internationales sachant qu’on n’a pas du tout le poids qu’il faut ? Ou bien faut-il réfléchir autrement ?
Est-ce que les artistes des autres pays pensent aussi à collaborer avec des artistes togolais lorsqu’ils souhaitent s’exporter ?
En matière de show-business, les rapports sont basés sur la notoriété, l’influence, le poids et la visibilité. Pour comprendre pourquoi les artistes togolais se font rarement invités sur des projets à l’international, il faudrait d’abord trouver le poids, la place et la visibilité dont bénéficie la musique togolaise à l’international. Pour se faire peser dans la balance, la base serait la visibilité. Il faut d’abord se faire voir à l’extérieur avant d’espérer jauger la considération que portent les étrangers à la musique de l’artiste togolais. Tout ceci revient à une seule question : « Est-ce que la musique togolaise est avant tout visible à l’étranger ? ».
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De façon globale, les artistes togolais sont conscients que la musique locale n’a aucune visibilité à l’extérieur des frontières togolaise. Je précise de manière générale, parce que maintenant où les millions de vues s’atteignent facilement au Togo pour les quelques rares artistes, on peut dire qu’il y a une petite visibilité internationale au profit des artistes comme Toofan, Almok, Shad, Santrinos Raphael, Juliano, Sethlo et autres. Les artistes togolais cherchent donc à résoudre le problème de la visibilité de leur musique à travers les collaborations internationales. Voici même l’origine de la mentalité qui précède leurs folles envies de s’exporter. Mais il faut se demander comment les autres pays sont arrivés à se positionner sur le plan international ? Étaient-ils aussi passés par cette mentalité qui consiste à faire des collaborations avec des artistes internationaux avant de s’imposer ? Ou bien ont-ils plutôt fait un travail de fond sur la qualité de leurs musiques et communiquer intensément sur leurs produits, de quoi attirer l’attention des superstars mondiales ?
Le symbolisme d’un registre musical, de l’art et la communication
Je pense personnellement, après l’analyse sur les registres qui bénéficient d’une place de choix sur le contient, qu’il y a eu d’abord un travail de fond qui a été fait sur le plan national afin d’exiger convenablement la créativité des artistes au niveau locale. Ce travail de fond aurait permis à l’art local de rassembler les peuples du territoire à la diaspora autour de leur patrimoine musicale, propulsant ainsi un nationalisme culturel qui a attiré l’attention des étrangers.
L’afrobeat, par exemple, s’est imposé au Nigeria comme un patrimoine culturel qui symbolise l’histoire de l’oppression subit par le peuple nigérian en période coloniale. Le nationalisme culturel a très vite propulsé le rythme, conférant ainsi une considération contagieuse au mouvement. Les artistes nigérians continuent de bénéficier de la notoriété de l’afrobeat dans leur cheminement artistique. C’est un peu l’histoire cachée derrière ce registre qui attire l’attention sur ses adeptes, faisant d’eux des symboles à considérer sur le plan continental. Ainsi, les collaborations internationales sont facilitées dans leur carrière, car grâce à leur créativité, ils ont su faire de ce registre un puissant symbole historique sur le plan continental.
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S’il n’y a aucune attraction pour un registre donné, il est difficile d’avoir l’attention et le sentiment au naturel qui permet de collaborer avec un artiste sans forcer. Si la musique togolaise n’émet pas de telles vibrations qui attirent intensément les peuples, il sera toujours difficile à un artiste étranger de s’intéresser à ce qui se fait au Togo sur le plan culturel.
Je me rappelle que pour le tournage de son clip « Run The World », Beyoncé a fait appel à des danseurs africains qu’elle a découverts sur YouTube. Elle était attirée par leur dance et elle voulait l’apprendre pour tourner son clip. Ainsi, ces danseurs africains ont été invités à collaborer avec une superstar mondiale. La qualité de la dance et l’origine de ceux qui la pratiquaient ont suffi pour attirer l’attention. Beyoncé était fan de l’histoire qui accompagnait cette danse. Sur le site du tournage, elle était tellement empathique vis-à-vis de ces danseurs… Ceci pour dire, qu’il s’agisse de la musique, la danse, la mode ou la peinture, il faut toujours un symbolisme historique qui accompagne l’art, si on espère qu’il soit attractif.
Aujourd’hui, le Togo dispose de toutes les ressources qu’il faut pour se positionner. Il suffit de faire un travail de fond sur un registre bien précis et de définir une politique de communication qui permet de le propulser comme un puissant symbole historique pour le pays. Je crois que le registre est déjà disponible, sauf que la communication pose un autre problème. Les artistes togolais éprouvent beaucoup de difficulté à se mettre en avant comme il le faut, et ça, c’est un handicap qui limite la visibilité des œuvres artistiques locales. Alors que faire ?
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