Pendant le sommet Afrique-France du 8 octobre dernier, beaucoup ont déploré l’absence des grandes figures de l’activisme politique en Afrique. Ils auraient aimé voir un Kemi Seba affronté nez à nez le président de la France, au lieu d’un collège de jeunes acteurs inconnus de la société civile. Malgré que ces jeunes ont fait preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit en posant des questions assez pertinentes dont les réponses étaient cruciales pour la suite de l’histoire, ils ont été classés dans le rang des traîtres et des vendus. Pour la simple raison que certaines personnes pensent que leurs présences à ce sommet n’étaient pas légitime, et que ce qu’il fallait, c’était de vrais activistes politique, ceux-là même qui sont prêts à cracher du feu en face des plus hautes autorités du monde pour le bien de l’Afrique. Ces constats ont engendré l’analyse suivante : la mentalité dominante dans la sphère des activistes africains est-elle bénéfique pour l’évolution du continent ?

Ce que les protagonistes de nos activistes voulaient voir à ce sommet, c’est un débat houleux et humiliant vis-à-vis du président français. Ils voulaient acclamer un discours humiliant et des diatribes venant de ceux qu’ils considèrent comme leur symbole de la résistance. Ils auraient préféré que ça soit un festival de règlement de compte au lieu d’un débat avec des jeunes qui “ne connaissent rien en ce qui concerne l’envers du décor” et qui selon eux, étaient payés pour jouer un rôle dans une pièce de théâtre montée par la France. Est-ce que cette façon de voir les choses est bénéfique pour l’évolution de l’Afrique ? L’activisme devrait-il forcément rimer avec la rébellion ?

Il est important de se poser ces questions, car aujourd’hui nos jeunes africains se retrouvent bien dans les discours qui incitent la rébellion. Ces discours sont pour la plupart proposés par nos activistes qui dans leurs élans d’obtenir un meilleur avenir pour le continent, répandent un narcissisme qui se manifeste sous forme de haine pour l’occident. Faut-il haïr l’occident avant de changer l’Afrique ?

L’activisme politique en Afrique prend de plus en plus la voie de la rébellion. Or la rébellion n’est qu’un cri de guerre, ce qui en clair signifie que cette mentalité ne conduit le continent que vers l’anarchie. Ne peut-on pas pratiquer l’activisme autrement ? Ne peut-on pas privilégier le dialogue dans le respect avec les autorités dont on n’apprécie pas forcément l’idéologie ?

La mentalité prédominante dans la sphère des activistes africains aujourd’hui n’est pas que nuisible à l’Afrique. Elle est d’abord nuisible à ces activistes eux-mêmes, car en prêchant la haine d’un système politique, ils se sentent obligé de ne jamais s’afficher avec les partisans de ce système, au risque de se faire passer pour traître. Ce qui limite leur évolution sur tous les plans professionnelles. Or, comment changer véritablement les choses comme on le souhaite si on ne se rapproche pas des antagonistes afin d’échanger avec eux pour les convaincre sur la nécessité d’opérer des changements ? Si le rapprochement entre activistes et autorités politiques projette l’image d’une trahison, alors que l’activisme est destiné à être un complément aux autorités politiques dans la recherche d’idées pour l’amélioration de leurs systèmes, alors il faudra attendre qu’un activiste zélé devienne président avant que les choses ne marchent comme il le souhaite. Une telle mentalité est-elle bénéfique pour l’évolution du continent ?

Pour provoquer un changement bénéfique, il faut une coalition entre le pouvoir, l’idée et l’action. Si le pouvoir devient enivrant, l’idée a le devoir de le ramener à la raison de manière intelligente et non par la force, pour qu’ensemble ils puissent définir un plan d’action. La force devrait se retrouver au niveau de l’action. Dans un tel schéma, le dialogue est d’une importance capitale. Mais qui aura le courage d’inviter au dialogue quelqu’un qui n’hésite pas à cracher du feu, à faire des discours humiliant, des séances de règlements de comptes et des diatribes là où il est question d’objectivité, de penser aux futurs, de construire de nouvelles visions, de promouvoir l’union, le respect et l’excellence dans le travail ? L’activisme politique tel qu’il est pensé sur le continent, est-il bénéfique pour l’évolution de l’Afrique ? Votre avis est la bienvenue.

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